Une conjonction comme étoile des rois

Une conjonction comme étoile des rois

A la fin de l’année 2020, les astronomes amateurs étaient à l’affût d’une observation exceptionnelle car relativement rare : une grande conjonction ! C’est ainsi qu’on appelle l’alignement vertical des deux grosses planètes, Jupiter et Saturne, lors du croisement apparent de leur trajectoire dans le ciel. Cette rencontre entre nos deux grosses voisines a lieu en fait tous les 20 ans en fonction de leur révolution respective de 11 et 30 ans environ. Mais l’inclinaison, même faible des orbites, fait varier l’écartement angulaire de ce rapprochement. Cette fois-ci, la grande conjonction était exceptionnelle avec un écartement de seulement 6 minutes d’arc, un cinquième du diamètre de la Lune dans le ciel. Il faut citer l’an 1623 pour parler d’un précédant rapprochement aussi serré. Une autre coïncidence était la date de l’évènement, le 21 décembre, la date du solstice d’hiver, quelques jours avant Noël. L’évènement a pris ainsi une certaine importance pour ceux qui connaissent l’histoire des chrétiens. Il nous invite à penser à l’étoile, apparut lors de la naissance du Christ, pour guider le pas des rois mages jusqu’à l’enfant Jésus pour lui porter leurs présents. En effet, cette étoile guide a intrigué bon nombre d’historiens et poussé les astronomes à s’interroger sur la nature de cette apparition céleste. Les comètes et les supernovae ont été, dans cet esprit, de bons candidats mais également les conjonctions spectaculaires. Les calculs que nous permettent les ordinateurs aujourd’hui dressent un tableau éloquent. Entre l’an -10 et -2 de notre ère, nous ne dénombrons pas moins de 2 comètes dont la comète Halley qui est restée visible pendant des semaines, 2 novæ, 4 grandes conjonctions spectaculaires entre Jupiter, Saturne, Mars et Vénus dont une triple, celle de l’an -2 qui a dû être particulièrement spectaculaire. De nombreux auteurs ont présenté des analyses détaillées de toutes les hypothèses sur la nature de l’objet céleste des rois mages comme par exemple Emile Schweitzer, ancien président de la SAFGA, Dominique Proust, Astrophysicien, et Charles Lazaridès dans des revues de la SAFGA et de l’Université de Strasbourg. Pour les amateurs d’évènement astronomique, le spectacle de cette année fût pour le moins très plaisant. Malheureusement une météo défavorable nous a contraint à attraper au vol que quelques images dans des conditions assez difficiles. Aux grosses jumelles, et bien sûr dans une lunette ou au petit télescope, l’anneau de Saturne avec Titan dans le même champ que l’atmosphère bariolée de Jupiter et de ses satellites fût une image très émouvante à en croire ceux qui ont eu la chance d’apercevoir les planètes. Voici quelques témoignages illustrés !

Le 18 décembre 2020, à Bellefosse, dans le Massif du Champ du Feu, votre serviteur s’est battu avec les nuages avant d’abandonner pour reprendre in extremis l’appareil photographique (Canon EOS70D). Une photo prise à 17h37 dans des conditions rocambolesques a nécessité bien des jeux avec les contrastes en post-traitement avec Photoshop pour donner une vision approximative et très granulée de cette conjonction.
Notre ami, Renaud Leduc, sympathisant de la SAFGA à Saint-Dizier, a été plus chanceux. Il a réussi à saisir les rares moments d’apparition des 2 planètes.

Un cliché unique avec un boîtier canon EOS 600D équipé d’un objectif de 50mm de focale. La pose effectuée, également le 18 décembre 2020, est de 4 secondes de pose avec une ouverture à F/4 sous ISO200. Un ré-équilibrage de l’exposition et des couleurs a été effectué avec Photoshop.

Et voici une belle réussite de photographie du rapprochement toujours effectué par Renaud Leduc le 20 décembre 2020 avec son boitier Canon EOS 600D placé au foyer primaire d’une lunette ADMRAL40 de 80/1200 mm de 1972. Sous ISO200, 6 poses de 1/8 secondes (pour Jupiter) ont été compilées à 6 poses de 1 seconde (pour Saturne) pour permettre d’équilibrer les différences de luminosité. Photoshop a servi à faire la synthèse des 2 séries de prises de vues. En effet, la différence de luminosité entre les 2 planètes mais aussi avec leurs satellites, est si grande que des durées de pose différentes sont nécessaires. Il faudrait réaliser un montage sophistiqué pour donner avec une photo une vision fidèle de ce que voit l’œil derrière l’oculaire.

Pour en apprendre plus sur les aspects astronomiques de l’étoile de « Noël », grâce à notre bibliothèque :
– SCHWEITZER Emile, L’Étoile des Rois Mages, Alsace Astronomie, bulletin du Groupe d’Alsace de la Société Astronomique de France n°8-1980, page 22-38. Cet article fait suite à la conférence au même nom présentée devant la SAFGA le 17 janvier 1980.
– PROUST Dominique, L’Étoile de Noël, Bulletin de l’AFOEV, Tome 14/3, décembre 1980, page 67-68 ; avec des notes complémentaires de SCHWEITZER Emile, page 69.
– LAZARIDES Charles, La Datation de la Vie du Christ, Revue Astronomie et sciences humaines N°8, Observatoire Astronomique de Strasbourg, page 131-154. L’auteur propose également une bibliographie très exhaustive.
20200106©Roger Hellot-Terebellum

La FA4 ouvre la semaine de la Fête de la Science

La FA4 ouvre la semaine de la Fête de la Science

La F4A ouvre la semaine nationale de la Fête de la Science.
Par Roger Hellot, président de la F4A.
La F4A, la Fédération des Associations d’Astronomes Amateurs d’Alsace, a le plaisir et l’avantage d’ouvrir les festivités de la Fête nationale de la Science avec une animation de rencontres des astronomes amateurs avec le public :
Samedi 3 et dimanche 4 octobre 2020, 
dans le Chalet de la Servã au Champ du Feu.
Sous le patronage de : 
– Frédéric BIERRY, président du Conseil départemental 67 et de
– Guy HAZEMANN Maire de Belmont,
la F4A apporte pour la 2ème année consécutive sa participation au démarrage de la semaine nationale de la Fête de la Science,  pilotée sur le plan régional par le Jardin des sciences de l’Université de Strasbourg.
Grâce à l’appui logistique et organisationnel des multiples services techniques du Conseil départemental, le Chalet de la Servã accueillera une exposition, des réalisations observationnelles des astronomes amateurs, des conférences et des stands de présentation de méthodes pédagogiques.
Malgré les contraintes sanitaires dues à la pandémie actuelle, la F4A souhaite continuer, avec ses moyens, montrer la présence de la science dans notre vie, avec ses approches observationnelles et rationnelles. Elle partage par là même la préoccupation des astronomes de la préservation de la diversité des environnements naturels dans le respect des différents modes de vie et des pensées.

Nous remercions en particulier pour leur soutien et leur présence :
– Le Conseil départemental 67 et ses chargés de mission pour leur soutien à la vie de l’Astronomie au Champ du feu,
– L’ANPCEN, l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes, toujours engagée à nos côtés,
– La « Brigade verte », les unités engagées pour les communes pour la protection des espaces naturels,
– Les astronomes amateurs engagés dans la diffusion et le partage de l’Astronomie,
Venez nombreux !

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Programme de la rencontre F4A-Fête de la science

Thématique : La contribution des amateurs aux sciences de l’Univers

Animations autour de l’Astronomie
Chalet de la Servã – Champ du feu
Samedi 3 et dimanche 4 octobre 2020

 Samedi 3 octobre 2020 de 14h à 21h

– Expositions de la collection SAFGA-Planétarium de dessins astronomiques et de la nouvelle collection F4A-AFGES de photos astronomiques des paysages célestes et du ciel profond des amateurs de la F4A.
– Stand ANPCEN, pour une sensibilisation à la protection de l’environnement et du ciel nocturne,
– Stand de la nouvelle « Brigade verte » du CD67,
– Stand du Conseil Départemental 67,
– La surface du Soleil au travers d’une lunette « Lunt » avec caméra CCD et imagerie sur écran (pendant l’après-midi si beau temps),
– Démonstration d’imagerie spectroscopique, (NEMESIS et SAFGA),
– Présentation de maquettes du système solaire par Nemesis,
A 17h00, inauguration officielle avec Frédéric BIERY, Président du Conseil Départemental 67 et Guy HAZEMANN, Maire de Belmont,
A 18h00, Conférence : Les « EXOPLANETES », par Pierre Walchshofer, président de Nemesis.

19h00-21h00 Observation du ciel, (en fonction de la météo et des possibilités par rapport au respect des consignes sanitaires).

Dimanche 4 octobre 2020

10h00 – 18h00 Ouverture de l’exposition

10h00 – 11h30 et de 14h30 -16h00, Animation « Sentier des planètes », Une promenade-conférence sur les distances dans le Système Solaire, proposée par Roger Hellot, le long du parking du Vieux Pré (uniquement par beau temps !)

Attention ! Prévention COVID !

A cause de la pandémie et des contraintes sanitaires, la conférence est réservée à 20 personnes et les promenades à 9 personnes. Inscription obligatoire à la BDBR, la Bibliothèque départementale du Bas-Rhin, téléphone 03 69 33 23 40 ou 03 69 33 23 19

Astronomie et MUSICA 2020

Astronomie et MUSICA 2020

L’univers sonore et visuel de Ryoji Ikeda

Par Roger HELLOT, président de la F4A

Ryoji Ikeda est un artiste contemporain et un musicien japonais. Actif depuis plus de 12 ans sur la scène internationale, il propose des concerts, des performances visuelles et sonores, ainsi que des installations plastiques. Mais quels est donc son rapport avec l’astronomie ?
Décrivons en quelques mots le monde artistique de Ryoji Ikeda.
Il travaille les qualités intrinsèques du son et les phénomènes de perception acoustique, pour inscrire ses compositions électroniques dans une esthétique caractérisée par des formes minimalistes et des recherches sonores poussées en matière de timbre et de texture. Au premier degré, une écoute simpliste fait penser aux musiques planantes et psychédéliques des années soixante qui donnèrent naissance à de nombreuses musiques nouvelles. Elles prenaient comme sujet l’illustration sonore imaginative des profondeurs de l’espace et du monde des astres. Mais Ryoji Ikeda va plus loin.
Son univers est certes minimaliste. Mais à partir de sons simples souvent de percussion mais aussi de flash d’imagerie visuelle, il taquine le process de répétition jusqu’à la complexité extrême.
Ce n’est pas étonnant qu’il ait cherché dans le monde des atomes et du quantique autant que dans l’imagerie astrophysique les inspirations pour ses œuvres et ses créations comme «  Micro-Marco ». L’artiste y explore l’infiniment grand avec les échelles de la dimension de l’univers de Planck, le lieu où les idées classiques de la gravité et de l’espace-temps cesse d’exister. Il se dit qu’il a démarré ses réflexions à partir du CERN, le laboratoire de recherche des particules à Genève. L’œuvre est une succession et une juxtaposition de représentation des hyper-structures de l’Univers, des galaxies puis des étoiles comme le Soleil avant de se fondre dans la représentation du monde des particules élémentaires au travers de graphismes d’inspiration mathématique.
Reprenons, parmi les rares moments où l’artiste s’est exprimé, ses paroles :
« Je ne souhaite pas à magnifier l’ordinateur ou les mathématiques, ce sont juste des expériences. L’expression peut paraître un peu abstraite car il faut bien une dose de mystère. En fait vous regardez quelque chose mais votre cerveau n’est pas capable de le gérer. C’est ça qui m’intéresse. J’aime cette approche intellectuelle car il n’y a pas d’autre véritable réponse ». Dans son œuvre « Code-Verse » apparaissent des paysages mathématiques faits de points et de lignes qui rejoignent des cartes lunaires pour se mêler aux éruptions solaires avant de se perdre dans les plans galactiques et l’imagerie des premiers instants du fond diffus de la naissance de l’Univers.
« Quand vous imaginez l’univers, il est si grand et si large, bien au-delà de votre imagination. Pourtant tout un chacun sait qu’il existe ! Essayez de représenter l’Univers tout entier peut apparaître comme une idée folle mais qui peut aussi vous impressionner, vous sublimer, vous inspirer. Pour ma part, je suis plutôt un compositeur. J’aime composer quelque chose. J’aime composer de la lumière, des couleurs et des lignes de pointes et de chiffres pour transformer ma composition en une forme de clé. Ainsi ma création d’art visuel devient une composition. J’y utilise ma propre palette, d’objets mathématiques, d’objets de la physique et de la mécanique quantique qui deviennent alors les couleurs personnelles de ma création. »
Si pour certains les œuvres apparaissent froides et rigides, elles sont néanmoins colorées, particulièrement rythmées.La succession parfois vertigineuses des images et des sons n’empêche pas la dimension méditative d’entrer en nous.
« Je ne souhaite pas réfléchir aux émotions ressenties par les spectateurs », nous dit l’artiste, « Car si vous pensez à l’émotion créé chez le spectateur vous risquez de vouloir en prendre la direction ou au pire par vouloir abandonner. Or nous éprouvons tous des émotions, c’est pourquoi je ne cherche pas à donner une quelconque direction à l’émotion dans mes œuvres. Tristesse, joie ou rien du tout, je fais simplement mon travail et c’est tout. »
Ryoji Ikeda s’affirme comme un artiste particulièrement extraordinaire car s’il travaille comme beaucoup sur des concepts difficiles, intéressants et importants, il réussit par leurs visualisations dans ses œuvres à les rendre vraiment accessibles.
« Je ne cherche pas à dégager une idée précise dans mes créations. Je fais simplement de mon mieux. Les spectateurs me rejoignent ensuite et fusionnent dans une appréciation globale. C’est comme si je ne réalisais que la moitié de la pièce pour que les spectateurs complètent l’autre moitié. Il faut dire que sans audience, tout ce que je fais ne sert à rien ! J’ai vraiment besoin des spectateurs. C’est comme un concert sans auditoire, cela ne sert à rien ! C’est la vie ! »
Musica 2020 rend un hommage particulier à l’artiste Ryoji Ikeda dans sa programmation de cette année :
– « 100 cymbals », créé en 2019, est présentée pour la première fois en France par les Percussions de Strasbourg. « 100 cymbals » est une plongée dans les abysses de la vibration qui se révèle comme une puissante ressource polyphonique (Jeudi 17 septembre à 20h au Palais des congrès de Strasbourg).
– « Live Set » sera un plongeon dans un bain techno-numérique présenté par Ryoji Ikeda lui-même (Jeudi 17 septembre à 21h30 au Maillon de Strasbourg). Il faudra choisir !
– « Body Music » et « Metal Music » sont des créations françaises pour se propulser dans l’univers du triangle et des crotales (Vendredi 18 septembre à 20h30 au Palais des congrès de Strasbourg).
– « Superposition », la symphonie du maître à ne pas manquer, une œuvre multidimensionnelle sur 22 écrans où défilent l’hégémonie de la révolution quantique et les paysages spatiaux et numériques (Vendredi 26 septembre à 20h20 au Maillon).
Nous ne pouvons que recommander de courir à la billetterie de Musica et d’inviter les amateurs de belles sensations à aller découvrir cet artiste exceptionnel qui cherche à propulser le spectateur vers les profondeurs des galaxies sonores pour nourrir de nouvelles expériences d’écoute par la déconstruction du rituel du concert.
Sources d’information : la documentation Musica 2, The immense electronic art of Ryoji Ikeda, ABC news of Australia.

Au revoir Neowise, bonjour tristesse !

Au revoir Neowise, bonjour tristesse !

Au revoir Neowise, bonjour tristesse !
Observer le ciel la nuit, c’est aussi regarder où on met ses pieds !

 Une communication à la presse par Roger HELLOT, Président de la Fédération des Associations d’Astronomes Amateurs d’Alsace.

La comète Neowise tire petit à petit sa révérence et s’éloigne inexorablement de la Terre en emportant son panache jaune au liseré bleu vers d’autres horizons. En effet, elle n’est plus que visible dans des jumelles et le grand public, après un engouement sans pareil depuis longtemps, se détourne déjà vers d’autres sujets qui font le buzz.

Mais les astronomes amateurs restent un peu sur leur faim !

Roger Hellot, le président de la fédération des associations d’astronomes amateurs d’Alsace se réjouissait au printemps, en rendant, dès le début du confinement, le public attentif à la beauté du soleil couchant qui laissait la place à la planète Vénus dans le ciel du soir. « Nous ne nous attendions pas à l’arrivée d’une belle comète pour fêter le déconfinement. Neowise F3 fût une des plus belles comètes des 20 dernières années »., rajoute-t-il a ses commentaires. Malheureusement, les vrais astronomes amateurs ont vite déchanté devant l’engouement médiatique dont s’est emparée la toile. A force d’une surenchère de photos de la comète comme panache des cathédrales jusqu’à l’église du village ou du château du coin, les badauds se sont précipités vers la campagne à peine la nuit tombée pour saisir, eux aussi avec la fierté de leur smartphone la traine de l’astre errant. « Mais à force de regarder le ciel, ils ont oublié de regarder où ils mettaient leur pieds », regrette Roger Hellot qui souligne que les astronomes amateurs utilisent par contre des zones aménagées quand ils se rendent dans la campagne, notamment le massif vosgien pour profiter d’un ciel plus noir, abrité des lumières parasites de l’éclairage public. Ils se sont aussi, pour certains, spécialisés dans la spectroscopie et ont cherché à étudier la composition de la comète, ses mouvements de rotation et son évolution. Ils ont regretté les débordements d’un public qui s’est lâché à réaliser chacun sa photo personnelle avec force de piétinement de l’espace naturel, des plantes sauvages rares et des plantes fragiles.

L’absence des êtres humains dans la nature pendant le confinement avait permis à la nature de retrouver bien des aises, une constatation bien vite oubliée. L’Office National des Forêts, avec Didier Epp, le responsable pôle aménagement-environnement à l’agence de Schirmeck, s’est également plaint du mépris des promeneurs nocturnes, de leurs stationnements sauvages, des barbecues et de leurs non-respects autour de la zone Natura 2000. Rappelons que des plantes comme les laiches sont devenues très rares, que le merle et le pipit nichent sur le sol, ou encore que les chiroptères, les tritons et les salamandres sont en voie de disparition. Les astronomes amateurs sont très proches des techniciens et des professionnels de la protection de la nature, ne serait-ce que par leur préoccupation commune de la préservation du ciel et de l’environnement nocturnes. Le départ de la comète a donc laissé un goût amer et les astronomes amateurs s’interrogent aujourd’hui sur leur ardeur à communiquer et à vouloir partager la contemplation des beautés du ciel nocturne.

« A force de lever le nez au ciel, il ne faudrait pas oublier où l’on met les pieds ! », renchérit Roger Hellot, « Notre planète est elle-aussi unique, file avec nous à travers l’espace comme un grand jardin dont nous ne pourrons pas nous échapper alors que son atmosphère, les plantes et les animaux sont déjà menacés. N’oublions pas que dans ce grand jeu de massacre, nous ne sortirons pas vainqueur sans un grand respect mutuel ».

En partageant leurs soucis avec l’ONF et les Brigades Vertes, les astronomes amateurs lancent donc un appel solennel : Respectons la nature à nos pieds autant que le ciel au-dessus de notre tête pour ne pas rester avec un goût de tristesse lors de notre adieu à Néowise.


Starlink menace les astronomes

Starlink menace les astronomes

Plaidoyer contre Monsieur Elon Musk et
ses publicités qui pollueront le ciel nocturne
 

Par Mireille VASSELET et Henri-Jean GUTH, membres de la Société Astronomique de France – Groupe d’Alsace

La Grande Ourse, la Petite Ours, Cassiopée, l’étoile polaire, ce sont des noms qui vous disent certainement quelque chose ?
Contempler le ciel un beau soir d’été n’est-ce pas un spectacle magnifique ? La lune n’a-t-elle jamais inspiré les poètes, les amoureux, les rêveurs ?
Et bien sachez que notre ciel nocturne est désormais menacé par la bêtise humaine.
Une seule personne au nom de la cupidité et des profits s’approprie notre belle voute céleste.
Nous avons appris, astronomes amateurs que la start-up Starlink dirigée par Elon Musk envoie des milliers de nano satellites en orbite basse (250 km) afin de connecter le monde entier en très haut débit internet. La belle affaire !
Les dangers sont réels et sérieux, dans la mesure où il y a déjà approximativement plus de 2000 satellites actifs autour de la Terre, nombre qui devrait s’accroître avec le lancement de la méga constellation de Musk. Les risques de collision sont considérablement augmentés, pour preuve, le satellite STARLINK 44 a bien failli entrer en collision avec un satellite AEOLUS de l’ESA en septembre dernier.
Mais le meilleur reste à venir, quel va être l’avenir de l’astronomie professionnelle ?
Déjà, plusieurs scientifiques sont scandalisés et montrent clairement leur opposition à ces futurs procédés totalement scandaleux et néfastes pour l’environnement.
Les astrophysiciens ne sont plus en mesure de faire des photos de l’espace depuis les télescopes terrestres puisque les nano satellites de Musk sont particulièrement éblouissants la nuit, ce qui laisse des traînées laiteuses sur les photos et la vue de ces dernières rend leur déchiffrage impossible.
STARLINK se défend très superficiellement de peindre ses nano satellites d’une peinture absorbant la lumière…
Nous rejetons gentiment cette réflexion, en précisant que même en noir, le contraste de la lumière sur les appareils les rendrait toujours visibles par les astronomes amateurs et professionnels.
Dans la continuité de la bêtise humaine, la publicité ultra grand format s’invite donc au-dessus de nos têtes.
En effet de grandes marques (comme Pepsi) ont déjà signé un contrat publicitaire avec une autre Start-Up Russe qui a pour projet d’envoyer également plusieurs satellites tout aussi lumineux si ce n’est plus lumineux dans le ciel afin que nous puissions contempler de magnifiques publicités « la nuit bien évidemment ! ».
Quelle honte ! C’est invraisemblable que des personnes puissent détériorer une des plus belles vues de la nature. Bien sûr d’autres multinationales lorgnent aussi sur ces projets.
Alors, quel va être le résultat de tout cela ?
Tout simplement :
– Une nuit qui n’en sera plus une,
– Les observations deviendront impossibles,
– Des risques majeurs sur la santé des êtres humains.
Sans parler de la nature qui souffre déjà assez comme ça !
Vous Monsieur Musk, vous les start-ups, vous les multinationales, qui êtes-vous pour vous approprier le ciel et balayer d’un revers de main la science, la vraie, de priver des centaines d’amoureux du ciel de pratiquer leur passion ?
Sachez (pour votre culture personnelle), que depuis le temps de la Préhistoire, en passant par l’Antiquité, le Moyen-âge, la Renaissance jusqu’aux temps Modernes, l’Homme n’a cessé de scruter le ciel à l’œil nu, puis par l’intermédiaire d’instruments tels les lunettes et les télescopes. Il n’a cessé d’en apprendre toujours plus sur ces mystères et de découvrir un nombre infini de merveilles.
Affaire à suivre …